Un rapport de l’Académie des sciences de 2023 signale une diminution de 40 % des connaissances liées à l’alimentation et à l’agriculture chez les élèves de primaire en dix ans. Pourtant, les dispositifs alternatifs d’apprentissage en dehors de la classe progressent dans l’ensemble des régions françaises, avec un intérêt particulier pour les expériences en milieu rural. Les écoles primaires s’appuient désormais sur des partenaires extérieurs pour intégrer des activités concrètes à leur programme.
Dans ce contexte, la fréquentation des fermes pédagogiques a bondi de 28 % en cinq ans selon l’Union nationale des fermes pédagogiques et éducatives.
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Ferme pédagogique : un lieu vivant pour apprendre autrement
Sur une ferme pédagogique, les connaissances ne se transmettent plus seulement à travers les manuels scolaires. Ici, le savoir prend racine dans le réel : toucher la terre, observer la croissance d’une plante, s’occuper d’animaux. Ces lieux accueillent enfants, classes entières, familles et groupes associatifs tout au long de l’année. Derrière chaque activité, des agriculteurs et animateurs aguerris, formés à l’accueil, souvent membres de réseaux structurés tels que Bienvenue à la ferme, Accueil Paysan ou CIVAM, orchestrent les journées.
La diversité des formes mérite d’être soulignée. Voici les différentes structures que l’on rencontre :
- exploitation agricole qui ouvre ses portes au public,
- ferme axée sur l’animation,
- ferme urbaine,
- parc animalier,
- ferme aquacole ou apicole.
Leur parti pris : créer un environnement où l’enfant manipule, questionne, expérimente. Du soin prodigué aux animaux aux parcours sensoriels, de l’observation des cycles naturels aux ateliers de jardinage, chaque moment renforce la compréhension des écosystèmes et développe une sensibilisation concrète à l’agriculture durable.
Le réseau Bienvenue à la ferme ou la Bergerie nationale épaulent les porteurs de projets, proposent des formations, partagent des ressources ciblées. Qu’elles soient situées en pleine campagne ou à la lisière des villes, ces fermes s’inscrivent dans une démarche d’éducation populaire et de construction du lien social. La variété des animaux présents, moutons, poules, abeilles, chevaux, ainsi que la richesse des ateliers proposés, permettent d’adapter l’approche à chaque public, sans exclusive.
Quels bénéfices pour l’éveil et le développement des enfants ?
Une ferme pédagogique offre à l’enfant la possibilité de dépasser le cadre abstrait de la classe. Ici, l’expérience passe avant tout. Ramasser des œufs, nourrir une chèvre, planter une graine : chaque action engage le corps et mobilise la curiosité. Les parcours sensoriels favorisent l’éveil des sens et aident à appréhender les rythmes naturels. Les enfants gardent en mémoire l’odeur du foin, la sensation de la terre, la douceur d’un pelage. Ces expériences concrètes deviennent des repères pour apprendre autrement.
Les ateliers, qu’il s’agisse de soigner les animaux ou de jardiner, sollicitent la motricité fine et globale. L’enfant développe le respect de l’autre, apprend l’empathie au contact des bêtes. Observer des moutons, surveiller le bien-être d’un lapin, voilà qui forge le sens des responsabilités. Le travail en groupe n’est pas négligé : les fermes pédagogiques multiplient les activités collectives, ce qui encourage la coopération et la solidarité.
La capacité d’accueil s’adapte à tous : classes, familles, enfants en situation de handicap. Les projets pédagogiques se construisent souvent en partenariat avec l’éducation nationale. Certaines fermes, comme les Fermes de Justin ou la Ferme pédagogique du Domaine de Ouézy, mettent à disposition des ressources variées et des parcours spécifiques pour chaque public. Ce type d’initiative nourrit la confiance en soi et l’autonomie. Les enfants essaient, échouent, recommencent, et s’approprient chaque découverte à leur rythme. Tout est en mouvement, tout s’apprend.
Des activités ludiques pour explorer la nature en famille
Lors d’une sortie à la ferme pédagogique, chaque membre de la famille découvre la richesse du vivant. Les enfants s’émerveillent devant un poney qui galope, participent à nourrir les chèvres ou assistent à la ponte d’une poule. Pendant ce temps, les parents explorent la permaculture dans des jardins partagés, s’initient au cycle des légumes et des fruits, ou observent l’effet bénéfique de la rotation des cultures sur la fertilité du sol. Les ateliers sont nombreux : fabriquer du fromage, construire un hôtel à insectes, comprendre le rôle des pollinisateurs ou percer les secrets de la ruche.
Les fermes pédagogiques, à l’image de la Ferme pédagogique du Domaine de Ouézy ou des Fermes de Justin, proposent un éventail d’activités. Voici quelques exemples d’animations régulièrement organisées :
- Observation des animaux : moutons bleus du Maine, alpagas, lamas, lapins, abeilles, et bien d’autres encore
- Jardinage écologique et initiation au compostage
- Ateliers de cuisine avec des produits de saison
- Balades naturalistes pour explorer la mare ou le verger
Ces moments partagés tissent des liens entre générations autour de gestes simples : ramassage des œufs, soin aux animaux, reconnaissance des arbres du parc. Les animateurs, formés par des réseaux comme Bienvenue à la ferme ou le Réseau Accueil Paysan, transmettent une vision concrète de la biodiversité et du développement durable. La ferme pédagogique devient un terrain d’expérimentation, un espace où enfants, adultes et grands-parents apprennent côte à côte, portés par la curiosité et l’envie de partager.
Découvrir la campagne autrement : pourquoi programmer une visite ?
La ferme pédagogique change le regard porté sur la campagne. Au-delà d’une simple balade, la visite se vit comme une expérience collective et sensorielle. Les enfants croisent des animaux domestiques, assistent à la traite, prennent part à la distribution du foin ou à la récolte des légumes. Ce contact direct avec le vivant, loin des écrans, ancre l’apprentissage dans le concret.
Les fermes pédagogiques s’ouvrent à tous : familles, groupes scolaires, associations, structures médico-sociales. Certaines, telles que la Ferme pédagogique du Domaine de Ouézy ou les Fermes de Justin, mettent l’accent sur l’inclusion, en adaptant leurs ateliers et parcours sensoriels pour les personnes en situation de handicap. L’accessibilité devient un fil conducteur, tout comme le plaisir de vivre une expérience partagée.
Au cœur de chaque animation, la découverte de l’agriculture durable occupe une place centrale. Les animateurs, actifs dans des réseaux comme Bienvenue à la ferme ou Accueil Paysan, transmettent les gestes qui relient au circuit court, à l’alimentation locale, à la préservation de la biodiversité. Les enfants sont invités à interroger, manipuler, goûter, expérimenter sans retenue.
La ferme pédagogique s’inscrit aussi dans une perspective de tourisme durable. Choisir ce type de visite, c’est soutenir des exploitations engagées dans la transition écologique et redonner toute leur valeur aux métiers de la terre. Ce dialogue renoué entre ville et campagne façonne une nouvelle façon d’apprendre et de regarder le vivant. La pédagogie ne s’arrête pas à la porte de la ferme : elle se prolonge dans chaque geste, chaque rires partagés, chaque souvenir qui s’enracine.


